- Les trois modes d’action des
désinfectants.
- Normes AFNOR des désinfectants.
- Critères de choix d’un
désinfectant.
- Désinfectants les plus
couramment utilisés au cabinet dentaire.
- Glutaraldéhyde.
- Dérivés chlorés.
- Dérivés iodés.
- Alcools.
- Phénols.
- Chlorhexidine.
- Ammoniums quaternaires.
- Comparaison des désinfectants
courants.
- Resumé
Définition du
dictionnaire des termes de médecine : la désinfection a pour
but de neutraliser ou de détruire les micro-organismes présents
sur les tissus vivants ou les objets et les surfaces non
stérilisables.
Il ne faut pas
confondre désinfection et stérilisation. La désinfection ne
détruit pas toujours tous les germes. Son but est de réduire au
maximum la concentration en micro-organismes sur les objets ou les
surfaces qui ne peuvent être passées à l’autoclave. La
désinfection ne doit donc être pratiquée qu’en cas d’impossibilité
absolue de stérilisation.
La présence de
débris organiques et de spores diminue l’efficacité des agents
désinfectants.
Les
trois modes d’action des désinfectants.
Destruction
de la membrane microbienne :
- chlorhexidine
- ammoniums quaternaires
- phénols
- alcools
Blocage des
échanges métaboliques microbiens avec le milieu extérieur :
- aldéhydes
- glutaraldéhyde
- formaldéhyde
- trioxyméthylène
Oxydation des
constituants intracellulaires :
- halogènes : agents oxydants à base de
chlore ou d’iode
Normes
AFNOR des désinfectants.
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NTF 72-150 ou
151 : bactéricide.
NTF 72-170 ou
171 : bactéricide en présence de substances interférentes.
NTF
72-190 : bactéricide, fongicide, sporicide, méthode des
porte-germes.
NTF 72-200 ou
201 : fongicide (levures et moisissures).
NTF
72-230 : ou 231 : sporicide.
NTF
72-180 : ou 181 : virucide.
NTF
72-281 : désinfection des surfaces par voie aérienne :
bactéricide, fongicide, sporicide.
Critères
de choix d’un désinfectant.
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- bonne adhérence sur les surfaces préalablement
dégraissées et nettoyées
- bonne compatibilité avec les matériaux
- l’eau calcaire, le savon et les détergents ne
doivent pas neutraliser le désinfectant
- la concentration minimale à partir de laquelle
le désinfectant est actif doit être connue
- il faut connaître la relation entre la vitesse d’action
du désinfectant et sa concentration
- il faut connaître son degré d’efficacité sur
les différentes familles de germes
- il faut un produit non toxique et inodore
- enfin le prix doit être raisonnable.
Désinfectants
les plus couramment utilisés au cabinet
dentaire
* Glutaraldéhyde.
* Dérivés chlorés.
* Dérivés iodés.
* Alcools.
* Phénols.
* Alcool + gluconate de chlorhexidine.
* Ammoniums quaternaires
Glutaraldéhyde.
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Formule: CHO-(CH2)3-CHO.
Le
glutaraldéhyde est commercialisé en solution aqueuse ou alcoolique
sous forme alcaline, neutre ou acide. Plus le pH est alcalin, moins
la solution reste stable dans le temps. Selon le produit,
l'efficacité dure de 15 à 30 jours. Les vapeurs de glutaraldéhyde
sont irritantes pour les yeux et les muqueuses. Le glutaraldéhyde
est efficace sur les spores, les bactéries et la plupart des virus.
Les levures sont soit inhibées, soit détruites. Le temps de
contact pour réduire une population de 100 millions de spores à
100 spores est au minimum de deux heures. En solution alcoolique à
1 % on l'utilise sous forme liquide ou en spray pour désinfecter
certains instruments (bac de décontamination) et les petites
surfaces (unit, têtière du fauteuil..etc). Il est utilisé à la
place des agents chlorés qui peuvent corroder les métaux et sur
les matériaux qui sont altérés par la chaleur. En solution
aqueuse à 2 %, il s'emploie en essuyage humide sur le sol ou pour
désinfecter le linge
Dérivés
chlorés.
Les dérivés
chlorés agissent par oxydation sur les micro-organismes, puis ils
deviennent inactifs en donnant du chlorure de sodium.
Au cabinet
dentaire, le chlore est utilisé sous forme d’hypochlorite ou eau
de javel (formule : Na-Cl-O).
Les solutions
concentrées dites extraits de javel titrent entre 40 et 50 degrés
chlorométriques. Ces solutions sont à utiliser dans les trois mois
qui suivent leur fabrication sinon la concentration chlorométrique
diminue dans le temps.
Un berlingot d’extrait
de javel (250 ml) dilué avec de l’eau dans un récipient d’un
litre donne de l’eau de javel qui titre environ 12 degrés
chlorométriques. Cette solution peut se conserver six mois à l’abri
de la lumière.
L’eau de javel
doit toujours être utilisée seule et ne pas être associée à des
produits de lavage ou des détergents.
L’effet
bactéricide du produit est influencé par le pH, la concentration,
la température, les matières organiques, la présence d’ammoniaque
et l’addition d’autres halogènes.
L’accroissement
du pH diminue l’activité anti-microbienne. Les solutions neutres
sont utilisées de préférence aux solutions alcalines.
Une élévation
de température de 10°C entraîne un accroissement de 50 % de la
mortalité des germes.
Les matières
organiques (sang, pus, salive) réduisent le pouvoir bactéricide.
Il faut donc utiliser l’hypochlorite sur des surfaces
débarrassées de tous débris.
L’ammoniaque
diminue la concentration en chlore puisqu’il se combine à lui
pour donner des mono et des dichloramines, ce qui entraîne une
baisse de l’activité du produit.
Un autre
halogène, le brome, additionné au chlore, augmente son pouvoir
bactéricide.
Utilisation
de l’eau de javel titrant 12° chlorométriques.
Cible
|
Dosage
|
Temps de contact en minutes
|
Recommandations
|
Sols, carrelages, peintures, gros matériel (socle du
fauteuil)
|
20 cl pour 10 l d’eau
|
5 à 15
|
Rinçage obligatoire pour les surfaces métalliques (risque
de corrosion)
|
Instruments en acier inox
|
10 cl pour 10 l d’eau
|
5
|
Rinçage et séchage
|
Lavabos, bacs, éviers
|
50 cl pour 10 l d’eau
|
10à 15
|
Rinçage abondant
|
Canalisations
|
20 cl dans les canalisations
|
15
|
Rinçage
|
Dérivés
iodés.
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L’iode est
utilisé en solution aqueuse ou en teinture (solution alcoolique) à
1 ou 2 %. Une forme apparue vers les années cinquante est
constituée par la combinaison de l’iode avec la polyvinyl
pyrrolidone, ce qui entraîne la formation de complexes appelés
iodophores. Par simple dilution aqueuse, l’iodophore libère
lentement l’iode qui devient actif sur les germes. Cette dilution
doit se faire dans de l’eau distillée parce que l’eau calcaire
inactive l’iode. L’iode a un pouvoir bactéricide et fongicide.
En revanche, il n’est pas actif sur les spores et son activité
virucide n’a pas été prouvée. L’iode est utilisé en
badigeonnage pour l’antisepsie des plaies et des muqueuses ainsi
qu’en préopératoire avant une incision. Il est recommandé d’employer
les iodophores qui sont moins irritants e toxiques que les solutions
aqueuses. De plus, ils ne tachent pas la peau, la coloration
disparaissant par lavage à l’eau.
Rappelons enfin
l’incompatibilité de l’iode avec le mercure qui forme l’iodure
mercurique nécrosant pour la peau.
Alcools.
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Formule de l’alcool
éthylique ou éthanol : CH3-CH2-OH.
L’alcool agit
par dénaturation des protéines de membrane cellulaire et sa
concentration optimale se situe à 70 %. Il est actif sur les
bactéries gram+ et gram- mais il satisfait à peine aux normes
AFNOR qui exigent une bactéricidie en 5 minutes. L’alcool est
inefficace sur les spores, peu efficace sur les virus, s’évapore
rapidement et est inactivé par les matières organiques. L’alcool
est surtout utilisé en association avec d’autres substances comme
les dérivés du phénol et la chlorhexidine.
Phénols.
A partir du
phénol ou acide phénique, il a été créé divers composés dont
les phénols halogénés utilisés comme agents anti-microbiens. Ils
agissent par destruction des membranes cellulaires. Leur action
bactéricide et fongicide est satisfaisante. Les virus lipophiles
sont détruits alors que les virus hydrophiles et les spores sont
résistants.
Rappelons que l’eugénol
fait partie de la famille des phénols.
Les phénols
sont peu solubles dans l’eau et inactivés par les détergents et
les matières organiques. Ils sont commercialisés en association
avec l’alcool et utilisés pour l’antisepsie des mains.
Il existe
maintenant de nouvelles formules combinant plusieurs phénols
capables de détruire les virus hydrophiles. Ces composés sont
surtout utilisés pour le nettoyage des surfaces souillées par les
matières organiques (sang, salive).
Chlorhexidine.
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La chlorhexidine
appartient à la famille des diguanidines et sa structure est proche
de celle des antimalariques telle la paludrine. A faible dose, elle
entraîne une fuite du cytoplasme des micro-organismes. A forte
dose, elle précipite les protéines intra-cellulaires. La
chlorhexidine est bactéricide et fongicide mais peu sporicide et
virucide. Elle est inactivée par les matières organiques et les
détergents. On l’utilise sous forme de digluconate de
chlorhexidine en solution aqueuse ou hydroalcoolique.
Dans l’alcool
à 70 % les solutions à 0.5 % de digluconate de chlorhexidine
servent à l’antisepsie des mains et du champ opératoire.
Dans l’eau
stérile , les solutions de 0.02 à 0.05 % sont destinées à l’irrigation
des plaies. Pour les préparations destinées aux surfaces, la
solution alcoolique de digluconate d chlorhexidine est d’abord
vaporisée sur la surface à nettoyer. Cette dernière est essuyée
et débarrassée de ses débris organiques puis on procède à une
nouvelle vaporisation du produit que l’on laisse sécher à l’air
libre.
Ammoniums
quaternaires.
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de page
Les ammoniums
quaternaires sont composés d’une partie cationique constituée d’un
azote relié à quatre radicaux aliphatiques et d’une partie
anionique constituée d’un ion organique ou inorganique.
Ils agissent sur
les micro-organismes par modification de la perméabilité
membranaire ou par dénaturation des lipoprotéines de cette même
membrane.
Ils sont
bactériostatiques à faible concentration et bactéricides à forte
concentration. Leur action sur les virus et les levures est faible.
Ils sont inactifs sur les spores. Les matières organiques diminuent
l’efficacité du produit.
En antisepsie,
les solutions alcooliques à 0.1 % sont employées pour la
préparation de la peau en pré-opératoire ou sur la peau saine.
Pour les
surfaces, combinés à des surfactants, ils ont à la fois une
action détergente et désinfectante.
Des procédés
permettent de fixer de façon irréversible les ammoniums
quaternaires sur les fibres textiles, ce qui confère au tissu une
propriété bactéricide. L’intérêt est grand de pouvoir
disposer de champs opératoires ainsi traités.
Comparaison
des désinfectants courants.
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Désinfectant
|
Actif sur
|
Inactivé par
|
Action corrosive
|
|
CG +
|
BG -
|
Spores
|
BK
|
Protéines
|
Savon
|
|
Glutaraldéhyde
|
++
|
++
|
++
|
++
|
±
|
-
|
+
|
Dérivés chlorés
|
++
|
++
|
++
|
+
|
++
|
-
|
++
|
Dérivés iodés
|
++
|
++
|
±
|
+
|
+
|
-
|
-
|
Phénols
|
++
|
++
|
-
|
+
|
±
|
-
|
-
|
Alcool
|
++
|
++
|
-
|
+
|
++
|
-
|
-
|
Chlorhexidine
|
++
|
+
|
-
|
-
|
+
|
++
|
-
|
Ammoniums quaternaires
|
++
|
++
|
-
|
-
|
+
|
±
|
-
|
CG
+ :cocci gram+
BG
- : bacilles gram-
BK :
bacille de Koch
|
++
important
+ moyen
± faible
- nul
|
Contrairement à
la stérilisation, la désinfection ne détruit pas toujours les
germes.
L’efficacité
de la désinfection diminue en présence de débris organiques et de
spores.
Les
désinfectants agissent par destruction de la membrane microbienne,
par blocage des échanges métaboliques ou par oxydation des
constituants intra cellulaires.
Site
|
Désinfectant
|
Antisepsie de la peau
|
Phénols
Ammoniums quaternaires
|
Antisepsie des plaies, des muqueuses, de la peau en pré
opératoire
|
Dérivés iodés
Ammoniums quaternaires
|
Bac de décontamination des instruments
|
Glutaraldéhyde
Phénols
|
Désinfection des surfaces par essuyage
|
Glutaraldéhyde
Phénols
Alcool + gluconate de chlorhexidine
|
Désinfection des surfaces par spray
|
Glutaraldéhyde
Phénols
|
Désinfection des sols, murs, portes
|
Dérivés chlorés
Glutaraldéhyde
|
La désinfection
concerne la zone de traitement, les empreintes, les prothèses et
les locaux.
La zone de
traitement est désinfectée après chaque patient, le local une
fois par jour.
La désinfection
ne doit être pratiquée qu’en cas d’impossibilité absolue de
stérilisation.
|