ORL
AGIR DEVANT UN PHLEGMON AMYGDALIEN
Par le Docteur Bernard LEFEBVRE
Compliquant une angine banale au début, le phlegmon amygdalien est du à la constitution progressive d’un abcès entre l’amygdale et la paroi musculaire pharyngée.
Suspecter un phlegmon d’amygdale est une démarche accessible à tous. Cette suspiçion doit conduire à la prise en charge spécialisée.Elle s’appuit sur un ensemble de SIGNES INHABITUELS POUR UNE ANGINE SIMPLE:

Le TRISMUS avant tout, contracture invincible, permanente et douloureuse des muscles masséters. Le phlegmon partage avec la dent de sagesse la quasi totalité des trismus fébriles.

La VOIX NASONNEE due au volume de la masse.
La DOULEUR intense+++, avec irradiation in-tense vers l’oreille et dysphagie empêchant l’alimentation voire toute boisson..
L’EMPATEMENT des tissus mous cervicaux.
L’INTENSITE du syndrome infectieux, avec parfois deshydratation.
Cette suspiçion doit conduire à l’examen buccal
confirmant le diagnostic.
L’examen bucco-pharyngé à l’abaisse langue est délicat quand le trismus est serré, et la douleur intense. Il trouve :

• Le BOMBEMENT DE LA PAROI PHARYNGEE LATERALE, et une AMYGDALE REPOUSSEE vers la ligne médiane.

L’OEDEME DE LA LUETTE en vessie de poisson.

• Souvent l’association à une angine nécrotique.
Le diagnostic conduit à la prise en charge par l’ORL, en urgence, et au traitement local.
Cette prise en charge comporte habituellement une hospitalisation, imposée par l’intensité de la dysphagie, le caractère impératif du traitement IV. Tandis que l’état général s’améliore, le traitement local s’appuyant sur la ponction et l’ouverture du phlegmon collecté, élimine les quelques incertitudes diagnostiques possibles (pas de corticothérapie). Les 15 jours d’antibiothérapie, relayée en externe, conduiront à distance (> 2 mois), à une amygdalectomie, qui seule peut mettre à l’abri d’une nouvelle poussée à plus ou moins long terme.